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divagations du début-XXI°siècle
29 juin 2020

Déconfinement-1

Petites histoires de Pachyderme :

Les jours ressemblent aux précédents, les heures s'égrainent comme d'un chapelet, il fait beau, le climat se ressemble d'un jour l'autre, la ville est encore calme, comme apaisée, à l'horizon un vague bruit de circulation, parfois une sirène retentit craintivement dans l'air citadin, de temps en temps un vrombissement sillonne une rue, quelques chantiers actionnent des engins de levage ou d'éventration, dans la semaine un hélicoptère revient, un léger bruit de fond sert de décor sonore… les voisins se s'ébrouent, les chats sont sages, les oiseaux ont fini leur période de chant.

-Quel jour est-on ?" personne ne sait. Les actualités donnent cette information, mais on ne la retient pas. Les chiffres des morts du jour scandent les soirs au milieu d'autres informations que l'on ne comprend pas.
-Qu'allez-vous faire demain ?" "Je n'en sais rien… " "peut-être comme aujourd'hui !" = rien ?" Pourtant certains font du sport dans les rues, avec intensité ou ténacité…

Le courrier est distribué, mais il gît sur un coin de table, le facteur revient tous les jours, les factures arrivent, on ne les vérifie pas, les récriminations sont laissées de côté, les erreurs existent-elles ? sait-on ? on est déphasé…

On traîne, les informations se répètent-elles ? se ressemblent-elles ? Quelles rares publicités pointent entre deux séquences… Qu'est-ce que le nouveau ? y-a-t-il un avenir ? Quelle était la vie d'avant ? Tout est impalpable…

Est-il besoin de s'habiller ? Que mange-t-on aujourd'hui ? Pourquoi pas comme hier ? Hier a-t-il existé ? Demain sera-t-il ? On ne sait plus, on ne sait rien…

Certains voisins sont revenus, les autres bougent un peu. Les étrangers de l'immeuble se déconfinent entre copains… La chaleur communautaire les a soudés. De temps en temps on entend quelqu'un descendre les escaliers, des sacs remontent, on ne se croise pas… Tout se ressemble, l'immeuble, la ville sont calmes, comme étrangers… on se croit en vacances d'été, l'effervescence printanière de la ville n'existe pas…

On parle de la fin du confinement ? Redoute-on encore quelque chose ? on plane…
Ce fut moins dangereux que la peste… Tchernobyl aurait-il été pire ?
Il fait beau, la vie s'est arrêtée comme dans un bocal, pas comme à Pompéï… le danger est dans les esprits, dans les média qui cherchent à nouveau leurs marques et essaient de revenir à la fringale des nouveautés comme avant : ils ne savent plus quel est le monde.
mais le danger ne serait-il pas toujours là ?

Certains promettent la vie d'après, certains rêvent de la vie d'avant… Mais la conscience du présent s'est émoussée… Les esprits sont calmes, délivrés de frénésie…
Quelques personnes ont été alitées et vivent mal les séquelles, d'autres passent de mauvais moments, on sait qu'au loin, l'hôpital réquisitionné respire à nouveau, et on applaudit toujours à vingt heures aux fenêtres… Demain sera comme aujourd'hui, alors pourquoi le presser ?
Tout est irréel, tout est suspendu… il ne se passe rien au quotidien, on n'attend plus rien… Les consciences ne sont plus au présent et le présent s'est émoussé… Les esprits sont calmes, délivrés de frénésie…

On se croirait passer sur une autre planète, dans une autre ère… la météo est à la pluie, les jardins sont verts, les arbres en sont à l'été météorologique, mais les emplois du temps ne varient pas : la vie se perpétue égale à elle-même, sans variation et sans repère… L'horizon du temps est le même que l'horizon de la ville : infini. Une notion de vie sempiternelle s'est installée dans les esprits… l'urgent, l'important n'existent que pour les malades, le reste est idillyque… sans que l'on sache en quoi et comment… On est encore dans un rêve suspendu…

à suivre…
© = texte soumis à copyright

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