Le chat de l'immeuble habite les cours - végétalisées - ; il va d'appartement en appartement, il a son réseau de voisins. C'est le chat à résidence alternée !

 Petites histoires de Pachyderme :

La Godiche avait la soixantaine maintenant, elle avait vécu, voyagé, connu beaucoup de monde dans tous les milieux (de la grande bourgeoisie aux clandestins), elle était intéressante, cultivée et brute de décoffrage parfois, même quand elle se croyait diplomate. Elle avait fait toute sorte de profession, mais n'avait fait son trou nulle part : "je ne vais pas me battre pour travailler" pensait-elle dans son fort intérieur… et elle changeait d'emploi, de secteur… Elle estimait avoir assez de compétences pour trouver mieux. Elle était célibataire, genre célibataire endurcie… non qu'elle n'aimât pas les hommes, elle en avait goûtés… goûtés mais non conservés tout de même.

Elle avait eu des amants, des amants de toute sorte. Quand elle les choisissait c'était une catastrophe.
Quand ils la choisissaient c'était nettement mieux : ils détectaient en elle des traits qu'elle ne percevait pas et qui étaient plus constructifs.

Quand elle était jeune, l'écueil principal de ses relations était son apparence : elle n'était pas une bombe, ni une bobonne en puissance. Elle ne rentrait ni dans les fantasmes, ni dans les plans des jeunes hommes qu'elle rencontrait.
Quelques années, plus tard, lorsque les pulsions des mâles étaient moins caricaturales, l'écueil fut : la progéniture.

Elle aurait pu s'établir avec l'un d'eux, mais cela n'avait pas marché : il aurait toujours fallu qu'elle renonce à une partie d'elle-même au profit du partenaire ! Et ça, ça ne lui allait pas. En plus elle avait été étonnée de l'obsession de beaucoup d'hommes pour une progéniture à eux… Il fallait qu'ils se reproduisent et le fruit de leur semence était une condition sine quo non : ceci induisait parfois même explicitement l'impossibilité d'adoption "un sang étranger dans le foyer" !

À part les volages, et les sangsues, il y avait les classiques : une voiture, une femme, une maison, deux enfants, un chien/un chat. Le scénario était écrit d'avance, il n'y avait que les variantes à trouver… Godiche ne s'y retrouvait pas. Elle voulait un homme pour constituer, bâtir un projet. Et le projet n'était pas d'office la descendance directe.… Quand elle fréquentait un homme, au bout de quelque temps, il lui semblait qu'il lui amenait une panoplie de mènagère qu'elle n'avait ni demandée, ni rêvée et que un par un les élèments allaient lui être enfilés sans qu'elle y consentit consciemment.… Un rôle lui était apporté, parfois courtoisement, parfois comme par inadvertance… Une fois sur la scène il aurait été difficile de s'en défaire : confort, routine, enfants, resposablilités… tout était dans le paquet, mais dans l'ombre !

Alors elle s'en allait avant que le colis n'arrivât ; avant que la belle-famille ne vînt évaluer ses dispositions, son pédigré et ses talents de pourvoyeuse de vie normale.
Était-elle hostile aux enfants ? non, pas à priori, mais pas en premier… plus tard, en fonction du projet suivant. Il fallait avant voyager, rencontrer des gens, des peuples, voir du pays. Ensuite on s'installerait et ensuite on verrait…
Mais les hommes de cette génération avait peu le goût de l'aventure et voulaient bien partir en voyage, mais une fois par an, tout organisé et surtout savoir qu'ils revenaient dans leurs pénates juste après !
Fallait-il en passer par les baroudeurs ? Elle n'en rencontra pas, mais n'en chercha pas non plus : ceci expliquant peut-être cela…
Un jour elle fut approchée par un marchand suèdois… que vendait-il ? elle ne le sût pas… Ils s'exprimaient en anglais et sa connaissnce de cette langue ne lui permettait pas de décoder ce qu'il y avait entre les lignes… elle laissa tomber…
Une autre fois, une secrétaire fort civile et diplomate vint à sa rencontre, car elle avait entendu parler d'elle !
-ah je ne me savais pas si connue" pensa-t-elle
Il s'agissait d'un concessionnaire à l'export qui voulait se marier, et voulait s'établir au Vénézuela, car les opportunités de s'enrichir y étaient excellentes ! (c'était avant Chavez). L'amérique Latine ne lui disait rien, c'était trop fouilli et trop instable pour elle… Aurait-elle accepté pour un autre pays ? La question ne se posa pas, car les plans de l'exportateur étaient déjà bien avancés.
Elle fut aussi l'amante d'un artiste, mais elle se rendit vite compte qu'elle allait devenir administratice, gouvernante, : l'intendance + la logistique n'étaient pas sa vocation… elle refila l'artiste à une copine en mal et en mâle de vocation et elle laissa tomber.

Après avoir lu des romans indiens et écouté quelques émissions de radio d'été, un automne elle s'esseya aux sites de rencontres. En bonnne clinicienne elle en fit trois afin de mieux découvrir les codes et les manières. Puisque les Indiens en étaient friands, il devait bien y avoir une raison ! mais cela est une autre histoire…

 à suivre…
© = texte soumis à copyright