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divagations du début-XXI°siècle
19 novembre 2019

Quelques Heures avec Benêt

Petites histoires de Pachyderme :

Benêt était d'un naturel doux et calme en apparence. Angoissé à l'extrême en fait.
Il parlait sans répit pour remplir un vide. Être avec lui, c'était lui servir de déversoir. Il se racontait sans fin…
Poli, il demandait "Comment ça va ?".
Vous ne pouviez rien répondre, car il n'écoutait pas. Il enchaînait : 
-Eh bien moi,… ses intestins, son pied, son genou," invariablement.

Puis il parlait de la météo du jour, du vent et de son orientation. Au printemps il disait : "on va vers les beaux jours". En été il sortait : "on aura encore de beaux jours en septembre". En automne, c'était : "On aura bien encore quelques jours agréables". Ensuite : "Dans un mois c'est Noël, comme le temps passe". "Il fait nuit à 17h30." "Dans un mois, les jours vont rallonger" En hiver, la phrase favorite restait "Les jours grandissent". et on revenait à "on va vers les beaux jours…"

En monologue de déversement, invariablement, le sujet suivant était le dernier accident de chemin de fer, ou le voyage en train qu'il aimerait faire en Suisse ou en Ardèche. Ou il se remémorait son trajet dans le train des Pignes. Que vous ayez parcouru des lignes spéciales ou peu ordinaires, ou historiques, il l'entendait à peine. Il fallait qu'il raconte, lui…

Puis il embrayait sur le thème suivant, le football souvent. "YY est une bonne joueuse". "Au moins, les filles ne font pas semblant de jouer !" ; "C'est pas comme ces balourds plein de fric !" Parfois il prévenait, "je vais me répéter…" et sans vergogne, il se répétait, de la dernière rencontre sportive, ou à celle du mois dernier.

Puis il passait au sujet suivant : "eh bien tu sais pas ?" et sa fille entrait en scène ! ou son frère.

Puis, ayant épuisé ses sujets habituels, il n'attendait pas que vous proposiez un sujet ou ne s'enquiérait pas de vous, de votre expérience, de vos passions. C'était comme si vous n'en aviez pas… Il ne s'intéressait pas à ses interlocuteurs. Au début vous pouviez penser que c'était par discrétion, pour ne pas demander d'information, de détails personnels. Mais vous compreniez vite que seul son ego comptait.

Alors à court de conversation, il reprenait dans l'ordre ses thèmes favoris :
"Tu sais quelle est la moyenne des températures du mois dernier ?"
Non qu'il vous les demandât, mais pour vous les sortir. Il savait celles de tous les mois passés et celles des années précédentes. Il les avait toutes calculer et mémoriser. `

Puis "Mon frère m'a dit…" "Tu sais ce que mon frère a lu…"
La source d'information du dit frère étant internet, vous étiez sûr d'avoir le tout-venant des banalités du net, sans filtre, mais c'était pour lui parole d'évangile.

 À la rencontre suivante, le même ordre des sujets revenaient avec les mêmes propos, les mêmes banalités ou les mêmes rengaines. Finalement il était rassurant !

  à suivre…
© = texte soumis à copyrigh

 

 

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Commentaires
D
Il est rassurant, car il n'y a pas de surprise ! On sait d'avance ce qu'il va dire, quels sujets il va aborder, quels mots il va employer… <br /> <br /> Un autre copain, a toujours un sujet du jour, contre lequel il est systématiquement vent debout. C'est beaucoup plus difficile à suivre… et à fréquenter ! :-)
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G
Tiens, je l'ai reconnu. Je ne vois pas, excuse-moi, ce qu'il y a de "rassurant" à écouter une telle personne mais peut-être étais-tu ironique ?<br /> <br /> Les gens "narcissiques" qui ne parlent que d'eux, ma fois, je les trouve épuisants, et pas que... mais je ne serai pas grossière ;)
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