Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
divagations du début-XXI°siècle
10 août 2020

Gudule se Monte*

Petites histoires de Pachyderme :

Gudule avait besoin de s’entourer d’ustensiles de toute sorte… batteur, mouline-légumes, friteuse auto-cuiseur, faitout à vapeur. Comme elle n’avait pas les moyens de sa liste, elle courait les magasins de braderie ou de soldes pour trouver l’appareil qui “ferait comme-ci” à moindre prix. Elle ne se rendait pas compte que l’appareil n’avait pas de garantie, ou qu’il était d’une puissance ridicule, ou qu’il n’avait pas les accessoires… Un jour elle reçut d’un faux-jeu, un presse-agrume sans le cordon électrique qui l’empêchait d’être utilisé : elle était aux anges ! Elle avait gagné quelque chose ! La chance lui souriait enfin !
D’autres fois, ces demi-sœurs lui donnaient un appareil qu’elles avaient remplacé : ainsi elle acquit le lave-linge. Godiche lui donna l’aspirateur de sa grand-mère. Tout ce qui “montait sa maison” la ravissait : elle avait l’impression d’accèder au statut de “maîtresse de maison” (elle fallait bien qu’elle soit la maîtresse de quelque chose semblait-il).

Monsieur Je Fais Rien, son mari, n’apportait rien au logement. Il pourvoyait à la maison de sa mère, comme ses frères… La mère devait-elle assurer un train de vie au bled ? Toujours est-il qu’il n’y avait jamais d’argent pour le foyer… Gudule ne lui en voulait pas, du moment qu’il rentrait à la maison, et qu’il l’assurait d’être une femme mariée, une femme mariée à un maghrébin…
Quel était son imaginaire par rapport à cet idéal ?
À peine sortie de l’adolescence, elle voulait voler de ses propres ailes, mais n’en avait pas les moyens… Sa grand-mère la tutorait de près : elle s’en échappa… Sa mère lui donnait des conseils : elle s’en méfiait ! Elle avait dans la tête l’image positive des familles de ses copines maghrébines, où les couples restent unis, les enfants avaient une mère, mère toujours à la maison pour veiller sur eux. Père qui amenait les revenus… Il avait l’autorité et tout tournait rond… Elle voulait fonder une famille sur ce modèle…
Sa famille était décomposée, recomposée, chaque ego tirait dans les pattes des autres. Elle était la petite dernière et se sentait un peu le jouet de tous les autres…

Enfin elle avait quitté sa région natale, avait rejoint une grande ville, dormait chez les unes ou les autres, attendait que le destin lui sourit…
Au centre commercial où les jeunes tournaient et viraient pour “trouver des partenaires“, elle avait été remarquée : ronde, blonde, yeux clairs qui savaient se baisser quand il fallait et regarder en coulisse la réaction de l’interlocuteur… Un d’eux sut y faire, elle lui raconta sa vie ; il lui dit qu’il avait des projets et qu’il avait besoin d’une Française… Elle s’hébergea chez lui, elle demanda l’aide d’une association spécialisée pour les jeunes. Elle se maria, obtint un logement… Elle avait réussi !
Toute fière, elle invita les membres de sa famille, qui lui fournirent un sommier, un matelas, un placard, une gazinière, des casseroles. Avec son petit travail mal payé, elle acheta les ustensiles de ménage, de toilette… Elle fit venir son mari… et sa famille découvrit le pot aux roses : ils l’avaient aider à monter son logement pour un maghrébin ! Nouvelle rupture…

à suivre…
© = texte soumis à copyright

Publicité
Publicité
Commentaires
divagations du début-XXI°siècle
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 4 794
Newsletter
Publicité