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divagations du début-XXI°siècle
25 mai 2020

Bernic*

Petites histoires de Pachyderme :

Bernic était à la retraite depuis quelques années. À la mort de son mari, elle avait mis sa villa en location et pris un petit appartement, si petit… 35m2, où elle avait mis tout ce qu'il lui fallait, facile d'accès avec son embonpoint croissant.
Seul inconvénient, il n'y avait pas de salle de bain et elle se lavait dès lors à la bassine, comme dans son enfance… le poids et la force des habitudes ?
Elle était très sociable et parlait posément à tout le monde. Elle était très influençable jusqu'à ce qu'on lui marche sur les pieds. Là elle coupait les relations franchement. Mais au bout d'un moment, elle reprenait le lien… En fait, elle était guère autonome et avait toujours besoin d'un gouvernail pour savoir quoi faire… Elle s'accrochait d'ordinaire à ses filles qui l'aimait tendrement.

Quant vint le troisième propriétaire, pour dire le clan "3°propriétaire" l'ambiance de l'immeuble changea du tout au tout. Au lieu de l'entr'aide qui règnait entre voisins, la suspicion agença les rapports sociaux. Ils firent partir les personnes âgées au loyer "loi-1948" en les prenant par les sentiments, puis en leur faisant peur. Une étudiante négocia la fin de ses études à un an de là, et ensuite la diplomatie de la délation se répandit. L'épouse du principal actionnaire écoutait aux portes pour savoir ce qui se disait, interrogeait subtilement les habitants pour avoir des informations personnelles sur les uns ou les autres afin de savoir comment faire pression sur eux. Elle sondait régulièrement Bernic qui n'y voyait goutte et qui croyait tout ce que "la patronne" disait. Le sens critique faisait subitement défaut à beaucoup.
On aurait dit que les lois de location pour les personnes âgées n'existaient pas et qu'il fallait négocier des privilèges avec le patron tout puissant. On fit fi de la loi de 1948, sous prétexte qu'elle était obsolète !

Prenant les devants, une Presque-Carmélite partit dans un appartement à côté pour s'éviter les désagréments de la réhabilitation. Les éternels endettés s'enfuirent à la cloche de bois… Les Absents quittèrent les lieux sans bruit, et deux ou trois autres prirent peur des nouvelles dispositions. Et la montée d'immeuble se désertifia, toute la montée d'escalier ? non pas Bernic, pas le Cuisinier, pas l'Aide-Soignant… et pas Godiche.
Elle n'avait pas fait de droit, mais savait se renseigner sur les siens et se fit donner des cours par des associations de locataires. Elle essaya bien de renseigner Bernic, mais ses filles lui conseillaient de jouer les crédules et de faire semblant de se soumettre pour garder ses droits… Elle y gagna une salle d'eau avec douche, une augmentation conséquente de loyer qui quadrupla, une chambre à papier peint vert amande alors que le reste était tapissé de grenat et les bonnes grâces de la patronne qui la manipulait.
Quand elle avait besoin de bricolage le Patron s'en chargeait, et elle lui donnait la pièce ! 

à suivre…
© = texte soumis à copyright

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