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divagations du début-XXI°siècle
18 mai 2020

Absents

Petites histoires de Pachyderme :

Dans l'autre appartement du rez-chaussée, venait un couple, ils arrivaient vers midi et quelques, et repartaient à 13h30 passées.
Ils arrivaient séparément, et s'en allaient de même. Ils ne venaient jamais le samedimanche : de sorte que tout était calme.
On ne sut jamais qui ils étaient, il n'y eut jamais de nom sur la boîte aux lettres. À l'époque le loyer n'était pas cher, quelque cent francs pour 30m2, utilisés quelques heures par semaine. On ouvrait les fenêtres, on déballait la nourriture, on mettait la table.
Ils mangeaient ensemble.… Faisait-on des affaires ou une seule ?  Jamais personne ne les rencontrait tant ils étaient discrets et rapides. C'était un pied-à-faire méridien. Cela dura… plus d'une décennie dans le calme le plus complet.

Des étudiants du Sud, des premières montagnes de l'Est s'y installèrent. Toutes les fins de semaine, elles repartaient chez leurs parents, et pendant les vacances universitaires, elles étaient aussi absentes. Les volets étaient fermés le jour, en leur absence, de peur des voleurs, et pendant les vacances également. Avec l'APL le logement ne leur coûta presque rien. Elles le gardèrent, longtemps, bien après la fin de leurs études par quelques truchements administratifs.
Elle n'étaient pas au courant de la vie l'immeuble, à peine échangeaient-elles quelques mots avec Bernique qui habitait en face. Leurs horaires étaient très différents de ceux des autres habitants, et elles ne s'attardaient pas. D'ailleurs elles n'aimaient pas les gens de la ville. Les deux denières années, elles ne vinrent que rarement et quelques jours à la suite, puis l'une vint en couple. L'autre seule, ne restait pas longtemps. C'était un pied à terre urbain. Ainsi le calme perdura…
Au changment de propriétaire suivant, elles invitèrent tous les copains de la campagne pour fêter leur départ et tapèrent portes et fenêtres pendant la moitié de la nuit. Burent tous ensemble, sautèrent, dansèrent, passèrent par la fenêtre pour reprendre la porte de la cour y faire des galipettes. Au matin, un enfant de 3 ans environ appela d'une des anciennes étudiantes "Maman". Une vie s'était faite…

Un étudiant en droit suivit. Il était en année de licence. Discret et furtif, tel un rond de cuir dans une éude. Pachyderme décrèta que c'était une pointure dans son domaine et essaya de répéter le titre de ses études : il était question de droit constitutionnel… Il ne s'intégra pas dans la vie de l'immeuble, ne connaissait personne, n'engagea jamais une conversation, bien que répondant gentiment et peu lorsqu'on lui posait une question. Il s'en allait dans une ville voisine les fins de semaine, de sorte que les voisins avaient la paix : tourner des pages et tracer des lignes ne faisaient pas de bruit. Il écoutait rarement la radio, pas de musique. Aux vacances universitaires, il disparaissait également. Au début il surprit un jour un voisin nettoyer la cour : il ne rouvrit jamais les volets de ce côté là… C'était son pied à terre hebdomadaire. Tout continua donc dans le calme.
Ces études finies, l'étudiant devenu assistant à l'université, trouva une compagne chez qui il alla vivre. L'appartement resta presque vide deux ans, il y passait de temps en temps pour poser ou prendre quelque chose. Ainsi c'était le logement le plus calme de l'immeuble. Puis il donna sa dédite.
L'appartement resta vide quelques mois…
Puis une fenêtre s'ouvrit, on aérait. Un jour on ouvrit les deux fenêtres et on fit du ménage. Une autre semaine des meubles arrivèrent… Quelqu'un vint. Des rideaux furent posés… d'autres meubles arrivèrent… Un nom maghrébin s'afficha à la porte et sur la boîte aux lettres et il y eut des réflexions dans l'immeuble.
Un jour Godiche croisa un jeune homme qui entrait un beau meuble en pièces détachées :
-Bonjour…
Il répondit tellement doucement qu'elle n'entendit pas… Elle resta étonnée, puis vagua à son occupation. EN repassant, elle lui dit au revoir et là elle entendit :
-Bonne journée !
Il fallut des mois avant qu'on ne rencontra le nouveau locataire. Il ne faisait pas de bruit. N'émettait pas de radio. N'ouvrait pas ses volets de cour… De temps en temps une odeur de légumes cuisinés s'exfiltrait.
Pachyderme un jour, se trouva nez à nez avec le nouveau voisin alors qu'il sortait et que lui-même était devant sa boîte aux lettres. Ils échangèrent quelques mots. Tout resta calme, comme inhabité…
Des voisins pareils sont exceptionnels et appréciables…

à suivre…
© = texte soumis à copyright

 

 

 

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