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divagations du début-XXI°siècle
7 septembre 2017

la Mère Sans-Gêne*

Petites Histoires de Pachyderme

La Mère Sans-Gène habitait dans une maison d'en face le logement de Pachyderme.

Elle se déplaçait toujours en vélo, elle était sportive, fine, tout en muscles ; elle s'habillait court de vêtements aux couleurs vives ; on l'avait toujours connue avec des cheveux poivre & sel ; du coup on ne lui donnait pas d'âge. Du temps où elle travaillait, elle était occupée hors du quartier, hors du pâté de maisons, une grande partie de la journée, elle ne s'adonnait donc aux commérages que les soirs après le travail ou les fins de semaine. Elle se levait tôt tous les jours, était vaillante et dynamique. Plusieurs de ses fenêtres donnaient sur la rue, de sorte qu'elle était au courant de qui passait, qui sortait de l'immeuble d'en face, qui parlait avec qui, comment un tel ou une telle était habillé, comment il ou elle sortait : elle en déduisait alors où il/elle allait et pouvait répondre si quelqu'un le cherchait dans la rue !

Elle lisait beaucoup tout en regardant le téléviseur, tard dans la nuit… peut-être ne couchait-elle pas dans sa chambre, mais dans son salon où la lumière restait allumée toute la nuit : elle ne fermait jamais ses volets, même au rez-chaussée côté rue (quelque chose aurait pu lui échapper).

Elle ne saluait ou ne répondait pas aux saluts de tout le monde : elle avait constitué son cercle de sociabilité, constitué de personnes sensibles à ses manières de faire et à ses racontarts : elle parlait alors d'une voix claire et sonore. Pour le reste elle s'exprimait à voix basse, puis ricanait dès un coup parti. Elle recalait tous les récalcitrants, dédaignait les caractères trop forts, répugnait aux Méditerranéens, surtout s'ils venaient du sud. Elle ne saluait pas le Pachyderme, elle ne le regardait même pas. Il n'existait pas. Il se sentait un moins que rien : une personne qui occupe le terrain, qui connaît tout le monde, ne le voyait pas ! C'est comme s'il n'était pas reconnu socialement…

Tous les soirs, elle versait ses ordures dans une des poubelles de l'immeuble : cela lui évitait d'utiliser et de nettoyer la sienne. Officiellement elle "n'apprécie pas les poubelles dehors… donc la sienne ne décorait pas la rue !" Elle était bien rangée dans son vestibule… Un jour, elle décida de tailler les plantes de son jardin : glycine, fusain, laurier, cerisier, chèvrefeuille, tout y passa. Sans gène, elle remplit toutes les poubelles vertes de la rue, sauf la sienne…

 à suivre…
© = texte soumis à copyright

 

 


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